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mercredi, octobre 16, 2024

Un demi-siècle au cœur du cinéma africain

Atteints par le virus du 7e art, une poignée d’hommes et de femmes n’ont plus qu’une idée en tête : créer un cadre de rencontre, de valorisation, de partage et de reconnaissance de films faits et portés par des africains. Convaincus de leur mission et stimulés par leur passion, leur engagement et leur foi commune pour le cinéma, ils mettent au monde une semaine du cinéma africain en 1969. Les années se succèdent et le nouveau-né d’hier gagne en notoriété et s’érige en institution connue sous le nom de Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou, FESPACO. 50 années après sa naissance, cette rencontre, presqu’incontournable pour les professionnels du cinéma et le public, constitue un pan de l’histoire du 7e art africain. Au cours du traditionnel colloque du festival les cinéastes reconnaissent ses mérites.

Les projections de films dans les quartiers de la ville de Ouagadougou. L’engouement du public à voir ces films. La participation des élèves du cours normal des jeunes filles de Ouagadougou, du lycée Philippe Zinda Kaboré. L’adulation des cinéastes. Ces images de la première édition du FESPACO sont, à jamais gravées, dans la mémoire du cinéaste, acteur et écrivain ivoirien, Timité Bassori. Malgré ses 85 années, ce militant des premières heures du festival se remémore l’ambiance de l’édition 1969. Dans ses yeux, on peut lire l’enthousiasme et la fierté d’avoir contribué à porter sur les fonts baptismaux cette rencontre cinématographique. A ses côtés, au colloque du FESPACO 2019 qui interroge la mémoire et l’avenir des cinémas africains, d’autres pionniers comme Alimata Salambéré du Burbina et Sébastien Kamba du Congo se souviennent du passé Après moult récits et anecdotes, ils sont unanimes, en 50 années d’existence, le FESPACO est une institution. « Il connait un succès parmi les manifestations culturelles les plus importantes du monde » selon les dires de Sébastien Kamba. A chaque édition, le festival draine, en effet, des centaines de ressortissants des pays africains, de leur diaspora, mais aussi des festivaliers d’autres continents à l’instar de l’Europe et de l’Amérique. « Face à l’engagement des politiques pour la cause du festival en 1985 à ma première participation, je ne pouvais pas rester indifférent, je me devais de m’engager à mon tour », affirme le réalisateur tunisien Mohamed Challouf. Avec ce même engagement, il compte restituer les archives du festival en sa possession afin de sauvegarder sa mémoire.

Une contribution à une prise de conscience

Au fil des éditions, à travers projections, rencontres et formations, le FESPACO a su allumer une flamme et insuffler de l’énergie en ses festivaliers. Pour la majorité des participants à ce colloque, le FESPACO a été pour eux un espace de prise de conscience, de besoin de penser et d’agir pour une « historique globale africaine ». Pour la comédienne Aïssa Maïga, « on a le sentiment que le FESPACO est un passage obligé. C’est un festival de bouillonnement, de reconnaissance et de prise de conscience car on y apprend beaucoup de ce qui se passe ailleurs. C’est un endroit où je peux continuer à rêver, un cadre de rencontre, de partage d’idées ». Outre la prise de conscience, le FESPACO s’érige aussi en un cadre de construction identitaire. C’est le cas du réalisateur et scénariste congolais Balufu Bakupa-Kanyinda. Il explique : « Mon histoire avec le FESPACO, c’est mon histoire avec l’Afrique. Le FESPACO a fait de moi un africain ».Ayant grandi en Belgique, c’est à Ouagadougou et à la faveur du festival qu’il va découvrir l’Afrique dans sa diversité et ses coutumes, notamment celle de la place accordée aux ainés.

Au-delà du panafricanisme et de la construction identitaire, le FESPACO a également servi de tremplin à la naissance d’organisations comme la FEPACI, la Fédération Panafricaine des Cinéastes. Cette organisation créée en 1969, a pour objectif de promouvoir les cinémas d’Afrique et des diasporas afro-descendantes. Aujourd’hui, elle entend restaurer une cinquantaine de films africains, dont le premier film burkinabè, « Le sang des parias »de Mamadou Djim Kola. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou est également un tremplin pour des institutions telles l’OIF, l’Organisation Internationale de la Francophonie et l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO). Ces deux organismes accompagnent les cinéastes africains dans la formation et le financement de leurs productions.

Par ailleurs, on ne saurait parler du FESPACO sans évoquer la mythique place des cinéastes. Cet espace situé en plein cœur de la ville de Ouagadougou où trône un monument symbolisant les outils de travail des cinéastes comme l’objectif d’une caméra et les bobines de films. Il est prolongé par l’‘‘Allée des Etalons’’. Cette dernière est composée de statues d’illustres cinéastes africains comme Idrissa Ouédraogo, Jean-Marie Gaston Kaboré, Sembène Ousmane ou encore Jean-Pierre Dikongué Pipa.

Samira Lydivine SAMANDOULGOU

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