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mercredi, octobre 16, 2024

Hervé Yaméogo : le cinéma burkinabè a perdu un technicien

Eprouvant a été le début de cette année 2018 pour le cinéma burkinabè. Le 18 février, le réalisateur Idrissa Ouédraogo lui est brutalement fauché. Plus tôt, le 9 janvier, l’acteur Mamadou Zerbo, alias « Sogo Sanon » tirait sa révérence. Deux jours avant, Hervé Yaméogo, décorateur décédait d’une courte maladie. Ce technicien aguerri de l’ombre s’en allé comme il aura vécu, dans la discrétion.

Discret mais efficace. Ainsi qualifiait-on Hervé Yaméogo sur les plateaux de tournage. Travailleur acharné il l’a été durant la quinzaine d’années qu’aura duré sa carrière de décorateur cinéma. Une carrière forgée auprès de grands noms de son domaine tels feu Jo Pobli, Bil Mamadou Traoré, Malick Boro ou encore Papa Kouyaté. Son sérieux et son professionnalisme lui valent d’être fréquemment sollicité sur des plateaux tant de courts métrages que de longs métrages. C’est alors qu’on le retrouve donnant vie à des œuvres comme Delwendé de Saint-Pierre Yaméogo, Bénéré de Serges Armel Sawadogo, Il pleut sur Ouaga (2016) de Fabien Dao, Cessez-le-feu (2014) d’Emmanuel Courcol, L’œil de cyclone (2014) de Sékou Traoré, Naria (2015) de Ramatou Keita et Wallay de Bernie Goldblat.

Né en août 1973, Hervé Yaméogo est très tôt tombé amoureux du cinéma et il choisira de participer à la construction des histoires dans la discrétion. En étant là sans être là. Que serait l’histoire si son cadre ne lui est pas adapté ? Fort de cela, il s’attèlera à fabriquer des décors pour rendre le plus vivant possible, les films sur lesquels il est appelé à travailler. Il le fait tant et si bien que ses collaborateurs l’estiment. Et cette estime va au-delà du professionnel. « Hervé, c’est un homme très respectueux et sociable. Il n’hésitait pas à donner de son temps et de son argent pour soutenir l’autre, tant qu’il le pouvait. » Confie un de ses collègues techniciens, l’assistant électro, Yacouba Djiguemdé. « On le savait souffrant depuis longtemps d’un problème cardiaque, mais ça ne l’empêchait pas de continuer à travailler. Son départ nous a surpris et nous attriste énormément. », ajoute-t-il.

Hervé Yaméogo s’en allé laissant derrière lui un enfant de 8 ans, des parents, amis, collaborateur du 7e art éplorés ; mais également des projets inachevés. Trésorier de l’Association des Techniciens Indépendants du Cinéma, il croyait en la jeunesse. Il avait à cœur d’initier, avec ses amis et collègues, des séries de formations pratiques dans les métiers techniques pour les jeunes qui sortaient des écoles de cinéma. Le but étant de les mettre en contact avec les réalités du métier. Il souhaitait en plus, passer à la réalisation de films de sensibilisation sur des thèmes comme le civisme. « L’ATIC et le cinéma regrettent qu’il soit parti aussi tôt. L’hommage que nous puissions lui rendre, c’est de mener à terme ses projets dans un esprit de professionnalisme. » Conclut son ami électro.

Annick Rachel KANDOLO

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