La Sirène du Faso Fani (2015), ce film qui croule sous les récompenses aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale n’est plus à présenter. Tout le monde a déjà vu ou entendu parler de ce film documentaire qui dépeint la vie des habitants de Koudougou où la fermeture de l’usine de cotonnade les a privés de revenus et d’avenir. Mais que savons-nous de son réalisateur ? Focus sur Michel K. Zongo.
Natif de Koudougou, il est cadreur, producteur et réalisateur. Il est aussi le directeur du festival Koudougou Doc, festival de films documentaires qui se tient annuellement à Koudougou au mois d’avril. Outre cela il est encore à la tête de Diam Production, maison de production qui fait de la coproduction aussi bien à l’international qu’au niveau local. Il est inutile de préciser que Michel Zongo est un homme très actif et à multiples casquettes.
Enfant, Michel ne rêvait pas de faire du cinéma. Il avait pour ambition d’être écrivain ou journaliste. Il faut dire qu’il a toujours eu cette envie de s’exprimer, de parler, de donner sa perception du monde, de lutter pour la liberté.
Enfant, Michel ne rêvait pas de faire du cinéma. Il avait pour ambition d’être écrivain ou journaliste. Il faut dire qu’il a toujours eu cette envie de s’exprimer, de parler, de donner sa perception du monde, de lutter pour la liberté.
Michel K. Zongo a commencé par une brève carrière dans l’hôtellerie, pour subvenir à ses besoins. Mais au fond de lui, il savait que ce n’est pas ce à quoi il avait envie de consacrer sa vie. . Le train-train quotidien de la vie ne l’a jamais attiré. Epris de liberté et d’indépendance c’est plutôt un homme d’aventure, prêt à découvrir de nouveaux horizons, à voyager, en termes clairs, à vivre. Ainsi avec ses amis qui travaillent déjà dans le milieu de l’audiovisuel, il se prend à découvrir les possibilités de liberté qu’offrent le monde du cinéma. D’ailleurs il nous confie : « ce sont des gens (ndlr les cinéastes) qui vivaient. C’est vrai qu’ils n’avaient pas beaucoup d’argent mais ils vivaient ».
Alors qu’il a enfin trouvé sa voie, le jeune amoureux du cinéma se retrouve confronté à un problème : dans les années 2000, il n’y avait pas d’école de cinéma au Burkina Faso. Pendant deux ans, il suivra des sessions de formation ponctuellement à la Direction de la Cinématographie du Burkina. Ce qui donnera un coup de pouce à la carrière du jeune Michel, c’est une opportunité d’études en France comme cadreur. A son retour il travaillera avec Berni Goldbat sur des concepts de sensibilisation. C’est la naissance d’une grande amitié professionnelle.
Mais le jeune cinéaste veut encore plus : il va travailler sur ses propres projets. Il se lance en 2010 dans la réalisation de son premier film « Sibi l’âme du violon » qui est un documentaire sur un vieux violoniste souffrant de cécité qui réside à Koudougou. Michel dit avoir eu envie de parler de ce vieil homme qui l’a toujours fasciné : « Je l’ai vu jouer toute mon enfance ». Par la suite naissent Espoir voyage en 2012, et La sirène du Faso Fani en 2015.
Bien entendu Michel K. Zongo est un cinéaste passionné. C’est le moins que l’on puisse dire. Mais qu’est ce qui peut le passionner en dehors du cinéma ? La terre. En effet, il nous raconte qu’il aurait bien aimé faire de l’agriculture. Faute de temps, il ne peut s’adonner à cette passion. Heureusement, il compense dans le cinéma cette envie de faire germer de nouvelles choses. Pour Michel K. Zongo, un bon cinéaste ne doit pas seulement être un passionné. Cela n’est pas suffisant : Il faut surtout, toujours chercher à apprendre, à comprendre ce qui se passe autour de lui. « Un cinéaste c’est un homme curieux. Si tu n’as jamais compté les boutons de ta chemise, c’est que tu n’es pas un homme curieux. C’est ce qu’il faut : la curiosité et l’humilité d’apprendre au contact des personnes d’expériences ».