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jeudi, avril 25, 2024

Le Fespaco et moi

À l’orée des cinquante années du festival panafricain, je me souviens encore, comme si c’était hier, de comment j’ai découvert ce festival et à quel point il a impacté ma vie. C’était il y a trente ans !

En 1989, j’avais 10 ans et c’était les 20 ans du Fespaco. Habitante du quartier Nonsin non loin du stade du 4 août, mes jeunes frères, mes copines et moi avons décidé d’aller à l’ouverture. Pendant longtemps, le Fespaco débutait et se terminait au stade de 4 août. Nous étions donc à quelques encablures de ce lieu. Et parce que les médias communiquaient tellement sur cette ouverture, il fallait en être témoin.

Nous avons décidé de nous y rendre. Arrivés à l’entrée du stade nous avons été refoulés par les forces de l’ordre parce trop jeunes pour y accéder. Nous sommes retournés à l’extérieur et, en gamins espiègles, nous nous sommes glissés entre les barrières en fer du mur qui servait de clôture au stade. Fine comme une brindille à l’époque, je suis passée sans difficulté et nous avons eu accès au stade. Nous nous sommes dirigés vers la porte 13. Une rumeur disait cette porte gratuite pour les enfants et les jeunes.

Craignant d’être refoulés encore, j’ai saisi la main d’un homme que je ne connaissais pas comme pour montrer que j’étais accompagné d’un adulte. Mes camarades ont fait de même. Le stade était comble et refusait du monde. Coincés comme des sardines, nous nous sommes assis sur les sièges en dalle. Toute heureuse, j’étais émerveillée par le décor, l’ambiance festive et surtout ce jingle enivrant typique au festival. La cérémonie commence. Défilé, parachute, musique nationale et internationale, chorégraphie s’enchainaient de sorte que la fête soit belle.

Aux environs de 20h, c’est la fin. Vient le moment de rentrer, mais impossible pour nous de retrouver le chemin de la maison. Un policier à qui nous avons demandé la route de Nonsin nous a gentiment accompagnés jusqu’à la sortie. Nous avons marché, chantant à tue-tête, jusqu’à la maison, ignorant ce qui nous attendait. Etant partis sans prévenir nos parents, ceux-ci, inquiets, s’étaient mis à notre recherche, du moins, seulement nos mamans. Car nos papas nous attendaient de pied ferme, une cravache à la main.

Un baptême des punitions nous a, donc, accueilli. Moi, après avoir été contrainte de me doucher à l’eau froide en cette période de fraîcheur, j’ai dû puiser cinq seaux d’eau portés sur la tête pour remplir un canari. Les autres, mes copines et les garçons ont été astreintes à leurs propres lessives, puis au nettoyage de la maison sans aucune aide pour les premières et à la vaisselle pour les seconds. Une honte pour eux, car cette tâche était considérée comme féminine à cette époque. Mais ces punitions étaient loin de m’attrister ou de me découragé. Le virus du cinéma venait de m’être inoculé à cette ouverture. Le désir de faire partie de ce monde était, dès lors, en gestation.

Par la magie du hasard ou du destin, j’ai opté, plus tard, pour une série littéraire au secondaire, puis les arts et la communication à l’université.

Ma deuxième rencontre avec le Fespaco se fait en 2003. En tant qu’étudiante, j’intègre le ciné-club Fespaco qui organise chaque mois une projection de film au siège du festival. C’était vraiment une opportunité pour découvrir le cinéma de façon pratique en apprenant à lire et voir les films autrement, puis à les analyser.

Dans la même année j’ai eu l’opportunité de faire partie des bénévoles dans la section ‘‘présentation de séances et débats forum’’ de la 18e édition. Une autre expérience dans le cadre de ce festival qui me confortait dans mon désir de vouloir évoluer dans ce milieu.

Ainsi, depuis cette expérience, j’ai successivement été sollicité, de 2003 à 2011, comme bénévole dans la même section, puis membre de la commission Tv-vidéo, membre de la commission espace junior (section jeune Fespaco), pour enfin faire partie du comité national d’organisation de 2013 à 2017 dans la section Espace Junior.

Ce jour-là, jour d’ouverture du FESPACO de 1989, une histoire d’amour est née entre le cinéma et moi et, elle n’est pas près de s’arrêter.

Grâce à cette rencontre je suis aujourd’hui réalisatrice, productrice au sein de ma propre structure et promotrice d’un magazine sur le cinéma burkinabè et africain. Comme poussée par la destinée, il fallait que je sois à cette cérémonie !

Je suis, de ce fait, convaincue que certains évènements culturels sont indispensables dans notre pays parce qu’ils participent à l’émergence de vocations professionnelles.

À l’orée de ces cinquante ans, le magazine Avant-Première fera donc une part belle aux cinéphiles pour partager leurs souvenirs liés à ce festival. N’hésitez donc pas à nous contacter pour nous raconter votre histoire avec le FESPACO.

Cinématographiquement vôtre !!!!

Mamounata NIKIÈMA

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